Marcus est parti.
La nouvelle m’est tombé sur la tête un petit matin du mois d’août.
Sous la forme d’un sms de tristesse.
Permet moi, Cher Lecteur, de te parler de lui.
Il est des êtres dont il est bon de savoir qu’ils ont été.
Marcus était un mammifère carnivore digitigrade, au museau allongé, aux pattes hautes, ayant quatre doigts derrière, et cinq devant.
Bref un canidé, un chien, un toutou.
Je l’appelais « Marcus le chien », mais ce n’était pas « mon » chien.
Résumer « Marcus le chien » à sa condition canine serait tout a fait réducteur et injuste.
Marcus était avant tout un être libre, voire libertaire.
Il est arrivé un beau jour dans la vie de mon amie Nathalie.
Chien de chasse il avait décidé de déserter, quitter sa fonction sans préavis.
Le hasard, qui fait souvent bien les choses, a réuni ces deux êtres pour faire, ensemble, un bout de chemin.
Même si celui-ci, c’est avéré bien trop court, il a permis à l’un de vivre heureux et libre. A l’autre, simplement, de revivre.
Pour autant que je sache, Nathalie a fait de son mieux pour retrouver le propriétaire.
Faute de résultat, le toutou est resté là.
Je ne pense pas qu’il y a perdu au change.
De toutes façons connaissant le ruffian, s’il n’avait pas été bien, il s’en serait allé sans se retourner.
Il est resté.
Profitant d’un gîte de qualité, canapé confortable, repas réguliers, balades a la campagne, baguenaudes en solitaire, siège avant droit dans la voiture et copains chats avec qui jouer.
Une vraie vie de chien.
A quoi ressemblait-il ?
Sans lui faire offense, à pas-grand-chose.
Un chien de chasse moyen, blanc à tâches noires.
Rien de spectaculaire.
Sauf, sans doute, dans les yeux de Nathalie.
Non, l’extraordinaire de Marcus tenait dans sa personnalité.
Il avait un côté « chat » indépendant.
Il était libre « Marcus.«
En cette matinée du mois d’août, j’ai appris son départ.
Il en est ainsi des choses, les trajectoires ne sont jamais celles que l’on espère.
Il est tombé malade, rien à faire…
J’ai été très triste pour Nathalie, ne pouvant qu’imaginer sa détresse.
Je sais que Marcus a vécu heureux avec elle et c’est bien.
Pour le reste, il ne disparaîtra vraiment que lorsque nous, ceux qui l’avons connu et aimé, partirons à notre tour.
Gabin.
Le soleil et la chaleur de ce jour d’août m’ont conduit à la piscine.
Seul endroit un peu rafraîchissant de mon lieu de villégiature.
C’est là que j’ai rencontré Gabin.
Gabin est un bipède, homo sapiens sapiens, un gamin, un bambin.
Il est à l’âge que je préfère chez l’enfant.
Un « peanut » de dix-huit mois.
Blondinet, habillé d’un body bleu à rayure et couche culotte « waterproof » aux fesses.
En cette matinée, le chérubin venait de faire une découverte : il est possible de marcher sur la pointe des pieds.
Le machin ne doute de rien.
Il tient à peine debout, sa démarche plantaire est plus qu’aléatoire qu’il tente déjà les demi-pointes.
Sa mère l’appelle (c’est comme ça que j’ai appris son prénom.) pour lui passer de la crème solaire, lui n’en n’a cure tout concentré qu’il est sur sa nouvelle expérience existentielle.
Les appels se font plus pressants de plus en plus insistants voire ordonnants, mais lui s’en fou et continue son exploration du champs des possibles, grand sourire aux lèvres.
En désespoir de cause, la maman finie par le décoller du sol et du pouvoir de la pesanteur, afin de le badigeonner de crème.
Chose faite, le marmot retourne à ses expériences.
Et moi, je me surprends le sourire aux lèvres.
Marcus et Gabin.
Deux chemins.
L’un qui s’est terminé et l’autre qui commence.
Je n’ai pas trouvé de « leçon de vie » à ce petit matin d’août et ça n’a pas d’importance.
De toutes façons, je n’en n’avais pas l’intention.
Regarder…
Ne pas passer à côté…
Ne pas oublier…
Vivre…