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Cinq conseils pour profiter de l’instant présent.

J’adore ce type de titre.

« Cinq conseils pour profiter de l’instant présent. »

Il sent bon la recette de cuisine, la douce fragrance du  fastfood du développement personnel.

C’est la promesse d’un maxi résultat, sans trop te prendre la tête.

Il m’arrive d’utiliser, je le confesse,  ce genre d’approche, mais seulement lorsque cela se justifie. 

Principalement dans des domaines vraiment pratiques.

Par exemple : 5 conseils feng shui indispensables pour vous et votre maison

Le bon titre de cet article pourrait être : profiter de l’instant présent  ?

À toi, cher lecteur de mes trop rares articles, je peux  faire une confidence : j’ai un problème avec l’instant présent.

 

Cela fait des années que je réfléchis et tente de trouver le secret de ce concept.

Pendant des mois, je me suis levé de bonne heure pour aller pratiquer la méditation dans le temple bouddhiste de ma commune. Et oui, dans mon petit coin de Normandie, nous en avons un. 

Je suis diplômé de  sophrologie.

Je pratique le soin énergétique, ce qui demande une concentration totale, un ancrage fort et une vraie présence dans l’instant.

Et je suis un contemplatif !

 

Très régulièrement, lorsqu’un évènement, un son, un paysage se présente à moi, j’essaie par tous les moyens d’en profiter et surtout de les engrammer dans ma mémoire.

Le bleu du ciel du sud ouest, le chant d’une cigale, l’odeur des pins par une chaude journée d’été…

 Le temps que je le réalise,  l’instant a filé entre mes doigts, comme une poignée de sable balayée par le vent.

J’ai en mémoire les vers d’Aragon dans le poème : un homme passe sous la fenêtre et chante

 Le temps qui passe passe passe

Avec sa corde fait des nœuds

Autour de ceux-là qui s’embrassent

Sans le voir tourner autour d’eux

Il marque leur front d’un sarcasme

Il éteint leurs yeux lumineux

Le temps qui passe passe passe

Avec sa corde fait des nœuds

 

http://www.artpoetique.fr/poemes/un_homme_passe_sous_la_fenetre_et_chante.php

Instants  et temps filent, insaisissables, sans omettre de dédicacer mon visage au cas où j’oublierai leur passage.

Dans ma jeunesse chevelue, c’est dire si cela ne date pas d’hier, je secouais la tête aux rythmes  de mon groupe de hard rock préféré (Trust) et des paroles de son tube “antisocial” : “Enfin le temps perdu qu’on ne rattrape plus.” 

Moi, et mon cerveau secoué,  avions  compris “on perd le temps perdu qu’on ne rattrape plus”

On perd le temps perdu…

Prise de conscience que l’absence de “feu ma crinière”, fait remonter à ma mémoire.

Mais alors existe-t-il un moyen sinon de le garder tout du moins de le vivre ce temps, cet instant ?

La photo, c’est l’instant présent pour longtemps.

Je me souviens de cette phrase que j’avais mise en exergue de mon premier site photo. 

J’en étais très fier.

Le début de solution sur le problème de l’instant présent, m’est apparu grâce à l’activité que je mène en parallèle de celle de thérapeute : la photographie.

Dans l’article : Du Kyudo dans la photo  , je fais le parallèle entre la pratique du tir à l’arc japonais : le Kyudo  et la photographie.

 Je suis parti d’un petit livre : « le zen dans l’art chevaleresque du tir a l’arc » qui, pour l’anecdote, était le préféré d’Henri Cartier Bresson (célèbre photographe).

Les japonnais, ne font rien à moité. 

C’est sans doute un raccourci idéaliste, mais j’assume.

“Dès le réveil, ils se consacrent à la perfection de leur tache, quelle qu’elle soit” (dialogue du film “le dernier samouraï”)

Dans leurs pratiques artistiques, allant de la cérémonie du thé à l’art de réparer les porcelaines cassées en passant par le tir à l’arc et bien d’autres choses, l’individu se fond dans l’instant.

Il est totalement absorbé par ce qu’il est en train de réaliser, quitte à se dissoudre et ne faire plus qu’un avec l’action.

 C’est ce vers quoi j’essaie de tendre dans mes activités de photographe et de thérapeute.

Pour vivre l’instant présent : se fondre dedans. Le temps vécu, n’est pas perdu.

Temps et photo suite…

Un des trois facteurs sur lesquels il est possible d’agir pour réaliser une belle photographie, est le temps de pose.

Non, cher lecteur de mes trop rares articles, tu ne t’es pas trompé de blog. 

Je ne vais pas t’apprendre l’art de la prise de vue.

Éventuellement et modestement, l’art de la prise de conscience.

C’est grâce au facteur “temps de pose” (vitesse de prise de vue) que j’ai compris quelque chose d’important, voire d’importemps !

Pour faire une belle image nette  d’une personne qui marche, à vitesse normale, il faut 1/125 de seconde (je te fais grâce de la lumière, de la focale, de la baignoire qui fuit et de l’âge du capitaine).

C’est-à-dire diviser une seconde en 125 part égale et n’en garder qu’une.

 Pour mémoire, une seconde représente la durée d’un claquement de doigt.

Si je règle mon temps de pose à 1/50 de seconde, le personnage sur la photo sera flou et le décor net. 

Si je passe à une seconde, le cadre restera, mais le personnage aura disparu de la scène, sans laisser la moindre trace ni même un indice de son passage.

L’instant présent durant lequel le personnage a existé pour l’observateur est de 1/125 seconde.

La réalité temporelle de l’homme qui marche est de 1/125 seconde, a l’exception de ceux de Giacometti, marcheurs  immobiles, car statufiés.

 

Si mon sujet est en déplacement rapide, le temps pour une  prise de vue nette va se réduire à 1/500 ou 1/1000 de seconde, tout comme sa réalité existentielle, toujours dans mon espace temps d’observateur.

Prendre conscience de l’instant présent devient un tour de force.

À l’instant, je préfère le moment.

En photographie, encore, il existe une technique qui s’appelle la pose longue, voire très longue.

Elle est utilisée pour faire des images de la course des étoiles dans le ciel, lisser une cascade…

La durée peut aller d’une seconde complète à plusieurs heures.

Il n’est plus question d’instants, mais bien de moments.

Je vais m’assoir sur la plage et regarder ce qui m’entoure :

 les couleurs, les sons, les odeurs, les acteurs.

Je suis totalement présent et j’ai tout mon temps

Je ne vis plus l’instant, mais je profite du moment présent, pouvant en  varier la durée. 

Enfin  maître illusoire des horloges ! 

La trace du temps sur mon visage sera alors un bon souvenir de ce qui a été.

Pour en revenir à mon titre d’article.

Si j’avais écrit “prise de tête sur l’instant présent” aurais-tu pris cinq minutes de ton précieux temps pour le lire ?

 À moins que tu n’aies eut du temps à perdre !

Petit rappel : on perd le temps perdu qu’on ne rattrape plus !